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La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse

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La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Empty La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse

Message par Invité Mer 23 Juil 2014, 09:33

Quelques extraits d'une lettre fameuse, adressée par Marie-Antoinette à sa mère Marie-Thérèse le 9 juillet 1770, où elle parle de Madame du Barry :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Lettre11

La suite sous forme de facsimilé :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse A_mthe10

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse A_mthe11

Cette lettre est reproduite dans la "Correspondance.." de Mme Lever, à la page 49.

"Le Roi a mille bontés pour moi, et je l’aime tendrement, mais c’est à faire pitié la faiblesse qu’il a pour Mme du Barry, qui est la plus sotte et impertinente créature qui soit imaginable. Elle a joué tous les soirs avec nous à Marly ; elle s’est trouvée deux fois à côté de moi, mais elle ne m’a point parlé et je n’ai point tâché justement de lier conversation avec elle ; mais quand il le fallait, je lui ai pourtant parlé." Et dans la même lettre : "J’ai écrit hier la première fois au Roi ; j’en ai eu grande peur, sachant que Mme du Barry les lit toutes, mais vous pouvez être bien persuadée, ma très chère mère, que je ne ferai jamais de faute ni pour elle, ni contre elle...".

A ce stade, le français de Marie-Antoinette n'est semble-t-il pas parfait. L'écriture n'est pas très affirmée, Marie-Antoinette est encore très jeune (14 ans).


Dernière édition par Cosmo le Lun 10 Nov 2014, 18:06, édité 4 fois

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Message par Comte d'Hézècques Mer 23 Juil 2014, 11:21

Leur correspondance authentique, récemment publiée pour la première fois par M. d’Arneth, a été une lumière imprévue. C’était en premier lieu un jour nouveau sur cette grande figure de Marie-Thérèse, impératrice pendant quarante années, qu’elle passa dans une lutte opiniâtre pour soutenir contre d’ambitieux voisins ou contre de redoutables amis intérieurs le faisceau mal uni des immenses possessions de la maison d’Autriche.
(...)
combien d’ailleurs son affection est profonde et tendre, et par quels témoignages elle tempère ses rigueurs ! Peut-être Marie-Antoinette, à ses heures les plus brillantes, n’a-t-elle jamais recueilli de plus précieux hommages que ces aveux d’une mère à la fois sévère et charmée : « Vous avez quelque chose de si touchant dans toute votre personne qu’on a peine à vous refuser ; c’est un don de Dieu dont il faut le remercier et s’en servir pour sa gloire ou pour le bien d’autrui. » Et encore : « Je suis toujours sûre du succès si vous entreprenez une chose, le bon Dieu vous ayant douée d’une figure et de tant d’agrémens, jointe avec cela votre bonté, que les cœurs sont à vous si vous entreprenez et agissez. »

Marie-Thérèse se montra fort troublée de la disgrâce de Choiseul, échec pour sa propre politique et pour le crédit personnel de la dauphine, et c’est à partir de ce moment surtout que sa correspondance devient inquiète et grondeuse. Qui donnera dans ce Versailles des conseils expérimentés à sa fille ? Ce ne peut être le dauphin, qui a seize ans ; ce sera, dans sa pensée, Mercy, et puis, en sous-ordre, Vermond. Mercy, depuis plusieurs années déjà ambassadeur d’Autriche auprès du cabinet de Versailles, et qui devait conserver ce poste difficile jusque dans les temps où il deviendrait des plus périlleux, allait être en effet l’unique confident que Marie-Antoinette eût près d’elle ; c’est lui désormais qui rend et commente toutes les pensées de l’impératrice-mère, et c’est par lui que passent toutes les lettres pour Vienne. Ce que doit être cette correspondance entre Marie-Thérèse et sa fille, il semble, maintenant qu’on a les pièces authentiques, si conformes aux deux caractères, qu’on eût dû le deviner. Marie-Antoinette, cédant tout d’abord aux entraînemens de son entourage, commet des imprudences de nature à porter atteinte à sa bonne renommée et à son crédit ; les circonstances mêmes de sa vie toute intérieure sont faites pour attrister sa mère.
On conçoit donc que les lettres de l’impératrice, portant l’empreinte de son anxiété, mais aussi de son caractère impérieux et de son esprit méthodique, soient une série d’interrogatoires sévères auxquels il faut qu’on réponde rigoureusement. C’est ce que montre tout le volume publié par M. d’Arneth. Marie-Antoinette y écrit par courts paragraphes, dont chacun répond presque exactement, — sa mère l’exige, l’y rappelant au besoin, — à chacun des points précédemment touchés par elle-même.
Point de développements en général, point de récits, très peu d’anecdotes, peu de plaisanteries, surtout point de bel esprit. Ce ne sont pas des billets élégants et bien tournés qu’on demande : il s’agit de lettres d’affaires et d’affaires les plus graves ; les grâces du style ne seraient qu’une preuve de plus d’un penchant vers cette coquetterie française dont il faut qu’on se garde à tout prix.
(...)
Entre autres bonnes raisons pour que la jeune Marie-Antoinette n’eût pas l’esprit et la main si prestes à une correspondance d’allure anecdotique et littéraire, il faut bien citer son imparfaite éducation, sur certains articles principaux si étrangement négligée. C’est un point dont nous étions fort mal instruits, et sur lequel nous sommes aujourd’hui parfaitement édifiés. La jeune archiduchesse avait pu avoir des maîtres de danse et de déclamation, de langue italienne et de diction française, de dessin et de musique, un Métastase, un Noverre, un Sainville ; elle-même n’en accusait pas moins plus tard, Mme Campan l’atteste, ce qu’elle appelait « la charlatanerie de son éducation. » Les dessins qu’on montrait d’elle à Vienne étaient entièrement (c’est elle qui l’a dit) d’une autre main, et elle a raconté qu’une de ses institutrices lui traçait à l’avance ses lettres au crayon. Pour tout dire, lorsqu’elle arrive en France en mai 1770, la dauphine est peu familière avec l’art vulgaire de l’écriture. Ce n’est pas qu’habituée à la langue allemande elle ait à surmonter l’obstacle d’une langue étrangère ; il ne s’agit pas non plus de nuances sur lesquelles on doive appeler des experts : c’est en réalité une enfant de quatorze ans et demi qui ne sait pas tenir et diriger sa plume, qui trace des lettres informes, salit le papier et n’est qu’à peine lisible.
(...)
Son éducation a pu être sur quelques points, même importants, superficielle et inachevée ; elle n’en a pas moins reçu un fort enseignement moral, puisé soit dans les exemples respectés de l’impératrice sa mère, soit dans l’esprit de race et dans le sentiment de sa haute naissance. Cette dauphine de quatorze ans et demi peut bien ne pas savoir très familièrement écrire ; elle n’en est pas moins la personne de sang impérial singulièrement supérieure à la femmelette qu’on nous a offerte. Elle n’exprime pas, quand elle écrit, de sinistres pressentiments que sans doute elle n’a pas conçus : la pensée qu’un futur désastre pût monter assez haut pour l’atteindre n’est pas entrée dans son esprit.
Sa vraie correspondance ne la montre à l’avance ni étonnée ni dégoûtée des grandeurs. Ce n’est pas elle qui a écrit à ses premières heures de royauté : « Quelque chose me serre à la gorge comme un étau ; j’ai des moments de frisson ; j’ai comme peur, et le roi me disait tout à l’heure qu’il était comme un homme tombé d’un clocher. »
Bien plutôt elle écrit dans la lettre authentique du 14 mai 1774 : « Quoique Dieu m’a fait naître dans le rang que j’occupe aujourd’hui, je ne puis m’empêcher d’admirer l’arrangement de la Providence, qui m’a choisie, moi la dernière de vos enfants, pour le plus beau royaume de l’Europe. Je sens plus que jamais ce que je dois à la tendresse de mon auguste mère, qui s’est donné tant de soins et de travail pour me procurer ce bel établissement… » C’est ici son vrai langage ; quelle que soit sa jeunesse et quelle que soit son inexpérience, elle est née sur les marches d’un grand trône, elle est fille de Marie-Thérèse.
La hauteur d’âme, peut-être inspirée par l’esprit de race, voilà un premier trait personnel à Marie-Antoinette, et il n’est pas besoin d’attendre son temps de malheur pour voir ce trait s’accuser avec un remarquable relief. — La sincérité l’accompagne et se montre surtout en une vive lumière dans la correspondance authentique des premières années.

Dans : A. GEFFROY, La Reine Marie-Antoinette d'après les documents authentiques de Vienne, Revue des Deux Mondes, t.63, 1866
http://fr.wikisource.org/wiki/La_Reine_Marie-Antoinette_d%27apr%C3%A8s_les_documents_authentiques_de_Vienne

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Message par Invité Mer 23 Juil 2014, 12:49

Comte d'Hézècques a écrit:... ces aveux d’une mère à la fois sévère et charmée : « Vous avez quelque chose de si touchant dans toute votre personne qu’on a peine à vous refuser ; c’est un don de Dieu dont il faut le remercier et s’en servir pour sa gloire ou pour le bien d’autrui. » Et encore : « Je suis toujours sûre du succès si vous entreprenez une chose, le bon Dieu vous ayant douée d’une figure et de tant d’agréments, jointe avec cela votre bonté, que les cœurs sont à vous si vous entreprenez et agissez. »

Toujours ce fameux charme de Marie-Antoinette !   

Comte d'Hézècques a écrit:
Ce n’est pas qu’habituée à la langue allemande elle ait à surmonter l’obstacle d’une langue étrangère ; il ne s’agit pas non plus de nuances sur lesquelles on doive appeler des experts : c’est en réalité une enfant de quatorze ans et demi qui ne sait pas tenir et diriger sa plume, qui trace des lettres informes, salit le papier et n’est qu’à peine lisible.

Qu'est-ce que je disais !  Hop!

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Message par Invité Lun 28 Juil 2014, 22:02

Lettre en date du 10 mai 1774 de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse.

Marie-Antoinette y déclare qu'elle-même et Louis XVI sont épouvantés de régner si jeunes.

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse A_mthe12

"Madame ma très chère mère,

Que Dieu veille sur nous! le roy a cessé d'exister dans le milieu du jour, depuis la matinée du 8 son état n'avoit fait qu'empirer, hier il a demandé l'extrême onction qu'il a reçue dans des sentiments de piété admirable ; il avoit conservé toute sa connoissance et sa présence d'esprit pendant toute sa maladie avec un courage inouï. Mon Dieu, qu'allons nous devenir, M. le dauphin et moy nous sommes épouvantés de reigner si jeunes. O ma bonne mère, ne ménagez pas vos conseils à vos malheureux enfants.

Marie Antoinette
."

On se demande si cette lettre est authentique ?  scratch Mme Lever ne l'a pas publiée dans son recueil de correspondance de Marie-Antoinette.

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Message par Invité Mar 29 Juil 2014, 21:58

Cosmo a écrit:Lettre en date du 10 mai 1774 de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse.

On se demande si cette lettre est authentique ?  scratch Mme Lever ne l'a pas publiée dans son recueil de correspondance de Marie-Antoinette.

Et cette lettre est signée 'Marie-Antoinette' - pour sa mère elle restait toujours 'Antoinette'. Où l'as-tu trouvée, cher Cosmo?

Feuillet de Conches est censé avoir contrefait des lettres de Marie-Antoinette pour son recueil – mais en même temps il publia des lettres authentiques.

Nous savons bien que la totalité de la correspondance de Marie-Antoinette est encore loin d'une présentation définitive et vérifiée.


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Message par La nuit, la neige Mar 29 Juil 2014, 22:35

Ci-après illustrée, une lettre de Marie-Antoinette adressée à Marie-Thérèse, le 11 octobre 1780 (Correspondances. Evelyne Lever, page 394).

Malheureusement, je ne parviens pas à mettre la main sur la seconde partie pour l'instant.  Mad 

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Marie_10
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Message par Invité Mer 30 Juil 2014, 00:37

Merci LNLN! Je vais poster cet extrait dans le sujet sur la sexualité de Louis XVI, car Marie-Antoinette a écrit:

Il y a bien longtemps que nous couchons séparés; je croyais que ma chère maman ne l'ignorait pas, c'est un usage fort général ici entre mari et femme, et je n'ai pas cru devoir tourmenter le roi sur cet article, qui contrarierait beaucoup sa manière d'être et son goût personnel. J'aurais d'autant plus de tort à m'y obstiner que nous vivons très maritalement ensemble.

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Message par Invité Mer 30 Juil 2014, 09:41

evelynfarr a écrit:
Cosmo a écrit:Lettre en date du 10 mai 1774 de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse.

On se demande si cette lettre est authentique ?  scratch Mme Lever ne l'a pas publiée dans son recueil de correspondance de Marie-Antoinette.

Et cette lettre est signée 'Marie-Antoinette' - pour sa mère elle restait toujours 'Antoinette'. Où l'as-tu trouvée, cher Cosmo?


Cette lettre a été publiée dans l'ouvrage du comte Paul Vogt d'Hunolstein intitulé "Correspondance inédite de Marie-Antoinette publiée sur les originaux" (1864):

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Captu135

Je me souviens avoir lu quelque part que Feuillet de Conches fabriquait des fausses lettres pour les échanger avec des vraies. Feuillet de Conches a peut-être fabriqué cette fausse lettre pour l'échanger avec Hunolstein?... C'est une vraie possibilité. Ce qui me fait douter de l'authenticité de cette lettre, c'est qu'elle est "trop belle" pour être vraie : l'anecdote selon laquelle Louis XVI et Marie-Antoinette se seraient écriés "nous sommes trop jeunes pour régner" en apprenant la mort de Louis XV est rapportée par Mme Campan dans ses mémoires.  Cool En outre, cette lettre ne figure pas dans la correspondance publiée par Arneth et Geoffroy, ni dans la correspondance publiée par Mme Lever (laquelle a probablement considéré qu'il s'agissait d'un faux, donc).

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Message par Invité Mer 30 Juil 2014, 09:45

La nuit, la neige a écrit:Ci-après illustrée, une lettre de Marie-Antoinette adressée à Marie-Thérèse, le 11 octobre 1780 (Correspondances. Evelyne Lever, page 394).

Malheureusement, je ne parviens pas à mettre la main sur la seconde partie pour l'instant.  Mad 

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Marie_10

Elle figure dans l'ouvrage des Girault de Coursac. Malheureusement, ils n'ont reproduit que la première page, et pas la suite de cette lettre.

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Message par Invité Lun 10 Nov 2014, 16:39

Facsimilé d'une lettre de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse en date du 17 décembre 1774 :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6610

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6611

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6614

Transcription :

Madame ma très-chère mère,
Je suis dans le bonheur d'avoir pu donner quelques moments de satisfaction. Elle n'aura pas tant de joie en apprenant, qu'on croit la comtesse d'Artois grosse ; elle a passé le 14 pour la seconde fois ; elle n'est pas incommodée du tout. J'avoue à ma chère maman que je suis fâchée qu'elle devienne mère avant moi, mais je ne m'en crois pas moins obligée à avoir pour elle plus d'attention que personne. Le roi a eu il y a huit jours une grande conversation avec mon médecin ; je suis fort contente de ses dispositions et j'ai bonne espérance de suivre bientôt l'exemple de ma sœur.

Le pauvre dutillot est mort subitement ; quoique je le connusse peu , cela m'a fait de la peine par les bontés qu'avait ma chère maman pour lui.

L'affaire du parlement continue à bien aller, cependant il y a déjà eu une assemblée des pairs ; mes frères y ont été , on n'a rien décidé et on est revenu à l'avis de M. le prince Conty, qui était de remettre la délibération au 30 de ce mois ; cela me paraît bon parce qu'il y a du temps pour prendre des mesures.

Je n'ai vu Mercy qu'un moment le jour où il m'a remis les lettres ; je l'attends mardy pour qu'il me parle de la Pologne et la Moldavie ; ces vilaines affaires m'affligent pour mille raisons, mais surtout pour le tourment qu'elles donnent à ma chère maman ; après toutes les peines qu'elle s'est donné pour ses enfants et pour ses peuples, elle mériterait bien de jouir du fruit de ses travaux. C'est le plus ardent de mes vœux et de mes prières ; ma chère maman daigne-t-elle les agréer à ce renouvellement d'année , et me croire avec le respect le plus tendre et le plus reconnaissant sa bien obéissante fille,

Antoinette



(P. S.) Ma chère maman doit savoir actuellement que M. de Durfort est duc de Civrac. L'abbé a l'honneur de se mettre à vos pieds.

On vient enfin de m'apporter deux portraits ; ils ne sont pas encore tels que je les désirerais pour ma chère maman, pourtant j'espère qu'elle ne sera pas mécontente, surtout du petit.

Le roi vient de donner la place de premier écuyer au duc de Coigny ; ce choix est généralement approuvé; M. de Durfort l'avait jadis demandée, mais il n'a pas assez activité pour cette place, d'ailleurs le roi a eu la bonté de le faire duc avant de la nommer.


* * *

Lettre retranscrite pp. 200-201 de la Correspondance de Mme Evelyne Lever.

L'écriture s'est beaucoup améliorée, mais le français est encore quelque peu hésitant ; "le faire duc avant de la nommer" (Marie-Antoinette serait-elle une adepte de la théorie du genre ?  La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse 3826491292 ) etc...

La phrase suivante paraît avoir été dictée par Vermond ou Mercy à Marie-Antoinette  : " ces vilaines affaires m'affligent pour mille raisons, mais surtout pour le tourment qu'elles donnent à ma chère maman ; après toutes les peines qu'elle s'est donné pour ses enfants et pour ses peuples, elle mériterait bien de jouir du fruit de ses travaux. " Hop!
Fait exceptionnel : comme l'a déjà fait remarquer outremanche, elle signe "Antoinette" (et non Marie-Antoinette ou d'un seul trait). Very Happy

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Message par Invité Lun 10 Nov 2014, 17:19

Facsimilé d'une lettre du 16 juin 1780 de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6615

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6710

Transcription :

"Ce 16 Juin. Madame ma très chère mère,
La peine de ma chère maman augmenterait encore la mienne, s'il était possible. Depuis que je sais mon oncle sérieusement malade, je suis dans une agitation et une douleur que je n'avais jamais éprouvées. En toute occasion il m'a toujours témoigné amitié et tendresse. Je m'y suis attachée comme si j'avais eu le bonheur de le voir et le connaître personnellement; et quelle triste perspective de voir s'éteindre le dernier de la maison de Lorraine! Son âge n'est pas encore si avancé qu'il n'y eut bien de la ressource; mais on dit qu'il se trompe fort sur son état: à peine se croit-il malade. Lui qui est si bon, si aimé à Bruxelles et dans tout le pays, il se refuse à tout ce qu'on lui conseille pour sa santé. On m'assure qu'il veut faire refermer des ouvertures qu'il a aux jambes; cependant c'est un des plus grands moyens de le sauver. J'en ai le coeur navré.

L'élection de mon frère Maximilien doit être finie à cette heure, au moins assurée. J'ai parlé cette semaine au neveu de M. de Belderbusch, qui est ministre de Cologne ici, et lui ai bien recommandé de faire tous mes remerciements. La semaine dernière M. de Châlons, ministre du roi à Cologne, est parti pour s'y rendre. Il a eu ordre de faire connaître à l'électeur et au chapitre que le roi verrait avec plaisir l'élection projetée, et moi, je l'ai bien chargé de parler de mon amitié pour mon frère, du vif intérêt que je prends à ce qui le regarde, et du bon gré que je saurais à tous ceux qui contribueront à son élection. Je désire bien vivement le retour de l'empereur, pour tirer ma chère maman d'inquiétude sur son voyage. Ma chère maman est inépuisable en bontés et attentions; je savais déjà que les aphthes sont plus incommodes qu'inquiétants; l'observation de ma chère maman n'en est pas moins bonne pour Lassone. Ma santé est bonne et fortifie mes espérances pour l'avenir. Quel bonheur ce serait pour moi, étant aussi sûre que ma chère maman partagerait toute ma joie! Permet-elle que je l'embrasse de tout mon coeur ?  Je n'ai pas reçu l'enseigne de l'eau divine. Ma chère maman en recevra encore un autre essai par le courrier
."

***

Lettre retranscrite dans la Correspondance publiée par Mme Evelyne Lever (pp. 383-384) avec notamment, les notes suivantes :

- L'Eau Divine est un parfum composé de bouquets floraux.
- L'oncle sérieusement malade auquel Marie-Antoinette fait référence dans cette lettre est le prince Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas, frère de François de Lorraine, père de Marie-Antoinette.
- Jacques Hardouin, comte de Châlons, cousin de Mme de Polignac, avait été nommé ministre plénipotentiaire de France à Cologne sur recommandation de la reine.


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Message par Invité Lun 10 Nov 2014, 17:29

Facsimilé d'une lettre du 21 septembre 1773 de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6711

Transcription :

"Madame ma très chère mère,
Il m'est impossible d'exprimer tout ce que je sens de vos bontés. J'avais, au moment où Nenny est arrivé, l'audience de l'ambassadrice de Sardaigne et tout le corps diplomatique. Quelle joie et quelle gloire pour moi de montrer une aussi charmante marque de la tendresse maternelle ! Autre grande joie pour moi, c'est que M. le dauphin a bien montré à Nenny son respect pour ma tendre mère. Nenny vous dira ce qu'il a vu ici et à Paris. Je ne veux pas retarder son courrier. Jamais respect et tendresse n'ont rempli l'âme comme à moi.

Antoinette

L'abbé est transporté d'admiration et de reconnaissance. La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse 2523452716 Je suis bien touchée de ce que vous faites pour un homme qui m'est attaché.
"

La "charmante marque de la tendresse maternelle" est une parure de diamants semble-t-il.

Lettre retranscrite dans la Correspondance publiée par Mme Lever, p. 155.

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Message par Invité Lun 10 Nov 2014, 20:29

Voici plusieurs fragments de lettres de Marie-Antoinette à Marie-Thérèse (facsimilés) :

Lettre du 12 juillet 1770 (extrait) :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6720

Lettre du 21 juin 1771 (extrait) :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6721

Lettre du 14 octobre 1772 :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6722

Lettre du 13 août 1773 :

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Img_6723

Dans sa dernière lettre, Marie-Antoinette parle de son "mary" avec un "y" à la fin.
Cf le débat que nous avons eu ici https://marie-antoinette.forumactif.org/t1421-la-correspondance-de-marie-antoinette-avec-la-princesse-de-lamballe, concernant l'authenticité d'une lettre de Marie-Antoinette à la princesse de Lamballe, où la reine parle de "mon mari" (avec un "i" à la fin).

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Message par Invité Lun 10 Nov 2014, 20:44

Cette lettre du 12 juillet 1770 est extrêmement touchante : c'est l'écriture maladroite de l'adolescente qui n'a pas le goût de l'étude... boudoi30 

Bien à vous.

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Message par La nuit, la neige Sam 21 Avr 2018, 19:51

Une lettre de la jeune Marie-Antoinette à sa mère Marie-Thérèse.
Nous n'avions posté dans ce sujet qu'un petit fragment / extrait ; en voici d'autres, même si nous n'avons pas l'intégralité de cette longue lettre retranscrite dans le livre d'Evelyne Lever, Marie-Antoinette - Correspondance (1770-1793), page 50 et 51.

Marie-Antoinette y évoque notamment sa "générale" (comprendre son cycle mensuel) qui est irrégulière (quatre mois sans, mais "sans avoir de bonne raison", précise-t-elle) ; le rhume de son "mary" (sic) ou son séjour à Choisy

Comme vous pourrez la lire, elle conclut cette lettre par :

Je vous supplie, ma très chère mère, de pardonner si ma lettre est trop longue, mais c'est mon seul plaisir de m'entretenir avec elle (bichette !  Eventaille).
Je lui demande encore pardon si la lettre est sale, mais je l'ai dû écrire deux jours de suite à la toilette, n'ayant pas d'autre temps à moi, et si je ne lui réponds pas exactement, qu'elle croit que c'est par trop d'exactitude à brûler la lettre.
Il faut que je finisse par m'habiller et aller à la messe du roi ; j'ai donc l'honneur d'être la plus soumise fille.
Je lui envoie la liste des présents que j'ai reçus, croyant que cela pourrait l'amuser.


Choisy, Le 12 juillet 1770

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse Marie_47

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse 214

La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse 315
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Message par Mme de Sabran Sam 21 Avr 2018, 20:11



Comme cette lettre est charmante et touchante !  ...  mais, par endroits,  une vraie gymnastique à lire .  Eventaille
Merci, cher ami ....   Very Happy

La nuit, la neige a écrit:
Marie-Antoinette y évoque notamment sa "générale" (comprendre son cycle mensuel) qui est irrégulière (quatre mois sans, mais "sans avoir de bonne raison", précise-t-elle) ; le rhume de son "mary" (sic) ou son séjour à Choisy

...   non, son cycle menstruel  .  La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère Marie-Thérèse 1123740815 geek ( même s'il est mensuel ! )  Laughing Laughing Laughing

Elle appelle sa générale " Krottendorf ", va savoir pourquoi !


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...    demain est un autre jour .
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Message par La nuit, la neige Dim 22 Avr 2018, 09:39

Mme de Sabran a écrit:
Elle appelle sa générale " Krottendorf ", va savoir pourquoi !
Oui. Mais "Générale" tout court, ici... Smile
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Message par Mme de Sabran Dim 22 Avr 2018, 14:49



Il y a bien une commune autrichienne de ce nom.   Elle fait partie du district de Weiz en Styrie. geek
Les pauvres !   ...   tu parles d'une connotation historique palpitante !  lol!

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...    demain est un autre jour .
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Message par Trianon Dim 22 Avr 2018, 15:37

Avez-vous remarqué (pour ceux qui connaissent un peu la graphologie) que sur certaines lettres, l'écriture de Marie-Antoinette semble quelques fois perturbée, se penchant sur la droite, tremblante même avec des pâtés, presque graphique. Et puis, elle se montre plus élégante, plus sereine (enfin un peu plus). Mais, c'est peut-être juste une impression de ma part.
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